Analyse du marché des fruits et légumes en France

Le marché des fruits et légumes en France

Margot Bonhomme
24 février 2025 - 12 min de lecture
Inhaltsverzeichnis

“Mangez au moins cinq fruits et légumes par jour.” Depuis plus de 15 ans, ce message est ancré dans le paysage médiatique français. Et il a porté ses fruits : aujourd’hui, 79 % des Français considèrent qu’il est important de consommer au moins cinq portions de fruits et légumes par jour.

L’intérêt pour une alimentation plus végétale ne cesse de croître. Selon l’IFOP, 68 % des Français estiment qu’adopter un régime plus végétal serait bénéfique pour la santé, tandis que 64 % y voient un levier pour réduire l’impact environnemental.

Pourtant, malgré cet engouement, la consommation de fruits et légumes frais diminue. En 2023, la consommation de fruits et légumes frais par les ménages français a diminué de 4,7 kg par rapport à l’année précédente et de plus de 13 kg par rapport à la moyenne de la période 2018-2022. Cette tendance s’explique en partie par la hausse des prix, avec un coût moyen passant de 2,87 €/kg en 2022 à 3,02 €/kg en 2023.

Cette situation pose une question essentielle : comment maintenir et renforcer la place des fruits et légumes dans l’alimentation des Français, malgré les contraintes économiques ? Entre nouvelles attentes des consommateurs, évolution des circuits de distribution et enjeux de production, le marché des fruits et légumes en France est en pleine mutation.

Au sommaire :

  • L’organisation de la filière des fruits et légumes en France
  • Les enjeux et défis de la filière des fruits et légumes
  • Les tendances de consommation
  • Les circuits de distribution des fruits et légumes en France
  • La vente de fruits et de légumes en RHF
  • La vente de fruits et de légumes en circuits spécialisés
  • La vente de fruits et de légumes en GMS
  • Les enjeux des assortiments produits
  • Suivre la présence et la bonne présentation de ses produits

Le marché des fruits et légumes en France

Les fruits et légumes occupent une place centrale dans l’alimentation des Français : un foyer consomme en moyenne 160 kg de fruits et légumes frais par an, d’après Kantar. Pourtant, ces dernières années, les comportements d’achat ont évolué sous l’influence de facteurs économiques, sociétaux et environnementaux. Face aux contraintes de budget, de temps et aux nouvelles tendances de consommation, certains ménages se tournent davantage vers des produits ultra-transformés, au détriment du frais. Une évolution qui soulève des enjeux majeurs pour les acteurs du secteur.

L’organisation de la filière des fruits et légumes en France

La filière des fruits et légumes en France repose sur une structure bien organisée, impliquant plusieurs acteurs clés à chaque étape, de la production à la distribution.

Les producteurs

La France compte 57 500 exploitations agricoles spécialisées dans la culture de fruits et légumes, couvrant une superficie totale de 362 000 hectares (INRAE).

Les organisations de producteurs (OP)

Les organisations de producteurs, comme Blue Whale, Sicoly ou Prince de Bretagne, regroupent plusieurs exploitants afin de mutualiser les ressources, optimiser la production et améliorer la commercialisation. Elles jouent un rôle stratégique en facilitant la planification des cultures et en sécurisant les débouchés commerciaux. On recense environ 200 OP reconnues en France.

Les expéditeurs et coopératives

Ils assurent la collecte, le conditionnement et la distribution des fruits et légumes vers les différents circuits de commercialisation. Leur rôle est essentiel pour garantir une logistique efficace et une offre adaptée aux attentes du marché, tout en maintenant la fraîcheur des produits.

Les grossistes

Un grossiste en fruits et légumes achète des volumes importants directement auprès des producteurs, des coopératives ou des importateurs, puis revend ces marchandises aux détaillants comme professionnels de la restauration.

Comme l’explique Interfel, le grossiste joue un rôle clé en garantissant «le bon produit, au bon moment, au bon endroit». Ils distribuent 40 % des fruits et légumes frais en France, ce qui en fait un acteur incontournable de la filière.

Les distributeurs ou détaillants

La filière s’achève avec la distribution aux consommateurs, qui passe par différents circuits : la grande distribution, les marchés de plein air et primeurs, les magasins bio et spécialisés ou encore la vente directe à la ferme ou en circuits courts.

Les enjeux et défis de la filière des fruits et légumes

Autant d’intermédiaires entre le champ et l’assiette soulèvent plusieurs enjeux majeurs.

L’impact sur les prix et la rémunération des agriculteurs

Les producteurs de fruits et légumes sont confrontés à une pression constante sur les prix. Avec la multiplication des intermédiaires, la part du prix final qui leur revient reste souvent trop faible. En moyenne, un producteur perçoit seulement 20 à 25 % du prix payé par le consommateur en grande distribution.

Prenons l’exemple des pommes Pink Lady vendues en vrac chez Carrefour à 3,79 € le kilo. Cela signifie que seulement 75 centimes reviennent au producteur. Pour toucher un SMIC brut, un arboriculteur français doit vendre près de 2 400 kilos de pommes chaque mois.

Pour répondre à cette problématique, plusieurs initiatives ont émergé :

  • Les lois EGALIM : mises en place pour garantir un prix d’achat plus équitable pour les agriculteurs, même si leur efficacité fait débat.
  • Le développement des circuits courts, qui limitent les intermédiaires et permettent une meilleure rémunération des producteurs.
  • L’essor des marques de producteurs en GMS, qui valorisent leur travail et améliorent leur visibilité auprès des consommateurs.

La traçabilité des produits

Les consommateurs veulent de plus en plus savoir d’où viennent les produits qu’ils consomment. Or, la présence de nombreux intermédiaires complexifie le suivi des fruits et légumes tout au long de la chaîne d’approvisionnement.

Ce manque de transparence peut nuire à la confiance des acheteurs et influencer leurs décisions d’achat. Pour y remédier, la filière s’oriente vers :

  • Des outils numériques pour améliorer la traçabilité, notamment via des QR codes sur les emballages.
  • Des labels de qualité (bio, HVE, Zéro Résidu de Pesticides) pour rassurer les consommateurs.
  • Des plateformes B2B connectant directement producteurs et acheteurs afin de garantir une meilleure visibilité sur l’origine des produits et les prix pratiqués.

La durabilité et transition écologique

Avec des conditions climatiques de plus en plus instables et des ressources en eau limitées, la filière des fruits et légumes doit s’adapter pour garantir une production plus durable.

Les principaux défis environnementaux sont :

  • Le gaspillage alimentaire : environ 30 % des fruits et légumes sont perdus avant même d’arriver chez le consommateur, souvent à cause des normes esthétiques imposées par la grande distribution.
  • L’optimisation de la logistique : pour réduire l’empreinte carbone du transport et améliorer la gestion des flux de marchandises.
  • Une meilleure gestion de l’eau et des sols : face aux épisodes de sécheresse, les producteurs adoptent des systèmes d’irrigation plus économes.

Les circuits courts : une alternative en plein essor

Face à ces enjeux, les circuits courts séduisent de plus en plus. En réduisant le nombre d’intermédiaires, ils permettent :

  • Une rémunération plus juste pour les producteurs
  • Des prix plus compétitifs pour les consommateurs
  • Une meilleure traçabilité des produits
  • Une réduction de l’empreinte carbone liée au transport

Cependant, malgré leur essor, les circuits courts restent encore marginaux dans les habitudes de consommation des Français, la grande distribution conservant une part majoritaire du marché.

Les tendances de consommation

Lorsqu’il s’agit d’acheter des fruits et légumes, la saisonnalité demeure le premier critère de choix pour 65 % des consommateurs, suivie de près par la provenance.

Le prix reste un facteur clé, d’autant plus dans un contexte d’inflation. Face à la hausse des coûts, 1 Français sur 2 a privilégié en 2023 des produits moins chers, ajustant ses habitudes pour préserver son pouvoir d'achat. Ce phénomène, appelé «glissement de gamme», se traduit par un report vers des produits plus accessibles, souvent au détriment des références premium ou biologiques.

Les dépenses varient aussi selon les générations. Les 65 ans et plus consacrent en moyenne 108 € par mois aux fruits et légumes, témoignant d’une priorité accordée à la qualité et à la diversité. À l’inverse, les jeunes consommateurs, soumis à des contraintes budgétaires plus fortes, y allouent seulement 46 € mensuels, privilégiant une consommation plus occasionnelle. En moyenne, les Français dépensent 79 € par mois pour ces produits, selon une étude Propulse by CA.

Le bio : entre engouement et essoufflement

L’essor du bio a profondément transformé le marché des fruits et légumes, porté par la volonté des consommateurs de privilégier une alimentation plus saine et respectueuse de l’environnement. Cependant, après des années de forte croissance, le secteur connaît un ralentissement depuis 2023, principalement en raison de la montée des prix. En moyenne, les fruits et légumes bio coûtent 30 % à 50 % plus cher que leurs équivalents conventionnels, ce qui freine leur adoption.

Marges de la grande distribution entre une pomme conventionnelle et une pomme bio (source : UFC que choisir)

Malgré ce ralentissement, les fruits et légumes restent des piliers du marché bio. En 2022, ils représentaient 8 % des achats de légumes et 7 % des achats de fruits en bio. Selon l’Agence Bio, 91 % des produits bio sont consommés à domicile.

Cependant, la grande distribution peine à suivre. La distribution spécialisée demeure le premier canal de vente en valeur (399 millions d’euros pour les fruits et 371 millions d’euros pour les légumes), là où la GMS n’arrive qu’en deuxième position pour les fruits bio (355 millions d’euros), malgré un volume de vente bien plus important. Pour les légumes bio, la vente directe prend même le dessus sur la grande distribution, générant 314 millions d’euros.

Cela est dû en grande partie à la réduction de l’offre bio au profit de labels alternatifs comme le «Zéro Résidu de Pesticides» ou la «Haute Valeur Environnementale» (HVE), jugés plus accessibles. Cette stratégie reflète un recentrage vers des produits plus abordables, en phase avec les attentes budgétaires des Français. Conséquence ? Les consommateurs attachés au bio se tournent davantage vers les magasins spécialisés, qui ont enregistré une hausse de leur chiffre d’affaires de 7 % en moyenne entre janvier et avril 2024.

Les chiffres de l'agriculture Biologique en France. (Source : Ministère de l'agriculture)

Les changements de consommation : entre praticité et rapidité

Face à une accélération des rythmes de vie, la praticité est devenue un critère d’achat déterminant pour les consommateurs. Ce besoin de rapidité et de simplicité se retrouve particulièrement chez les 35-49 ans, résidant en milieu urbain. Ils consacrent en moyenne 436 € par an aux fruits et légumes frais, soit 8 % de plus que la moyenne nationale (401 €), avec 13 € dédiés aux produits de fraîche découpe.

Plusieurs tendances de consommation se dégagent :

  • Les salades en sachet et mélanges prêts à l’emploi : un marché qui dépasse les 600 millions d’euros de chiffre d’affaires en France.
  • Les fruits et légumes découpés : disponibles en barquettes ou en portions individuelles, ils séduisent ceux qui recherchent une alternative saine et rapide pour leurs repas.
  • Les légumes surgelés ou appertisés (conserves, sous vide) : plébiscités pour leur longue durée de conservation et leur praticité au quotidien.

Parallèlement, la quête d’une alimentation saine et équilibrée continue de gagner du terrain. Les consommateurs se tournent de plus en plus vers des super-aliments comme les baies de goji, le kale ou l’avocat, réputés pour leurs bienfaits nutritionnels.

Préférence pour le local et le made in France

La consommation locale s’impose comme l’une des grandes tendances alimentaires de 2025, et les fruits et légumes n’échappent pas à ce phénomène. Selon une étude menée par Interfel, 79 % des Français privilégient les fruits et légumes d’origine française, un chiffre qui grimpe à plus de 85 % chez les consommateurs les plus sensibles aux questions environnementales et au soutien des producteurs locaux.

Cet engouement pour le «made in France»  est principalement porté par l’argument écologique ( limiter l’empreinte carbone liée au transport,) une volonté de soutenir l’économie locale et un attachement au terroir.

Malgré cette préférence affirmée pour le local, certains défis subsistent. Plus de 50 % des fruits consommés en France métropolitaine sont importés, notamment les bananes, oranges et kiwis. Pour pallier cette dépendance et répondre à la demande toute l’année, la filière explore des solutions comme la production en serres ou la diversification des variétés cultivées localement.

La distribution des fruits et légumes en France

Les circuits de distribution des fruits et légumes en France

Le marché de la vente au détail des fruits et légumes en France est largement dominé par la grande distribution, qui capte plus de 65 % des ventes de fruits et légumes frais. Toutefois, les circuits courts gagnent du terrain, avec 13 % de part de marché, grâce à une demande croissante pour des produits locaux et une meilleure traçabilité.

La vente de fruits et de légumes aux professionnels de la restauration

La Restauration Hors Foyer (RHF), aussi appelée Restauration Hors Domicile (RHD), regroupe l’ensemble des repas consommés en dehors du domicile. Ce secteur comprend aussi bien la restauration collective (cantines scolaires, restaurants d’entreprise, établissements de santé) que la restauration commerciale (restaurants, cafés, hôtels).

Il s'agit d'un segment clé du marché des fruits et légumes en France, représentant environ 10 % du volume total de consommation. Selon Interfel, cela correspond à environ 0,8 million de tonnes de fruits et légumes frais consommés chaque année en RHF, générant un chiffre d’affaires estimé à 1,5 milliard d’euros.

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Les spécificités de la restauration collective

Le secteur de la RHF a des besoins bien particuliers qui influencent les stratégies d’approvisionnement :

  • Des formats adaptés : les restaurants, cantines et fast-foods privilégient souvent des produits prédécoupés, épluchés, voire sous vide pour limiter le travail en cuisine.
  • Des exigences de régularité et de qualité : les professionnels recherchent des fournisseurs capables de garantir un approvisionnement constant en termes de calibre, goût et durée de conservation.
  • Des normes sanitaires exigeantes : le respect des normes d'hygiène et de traçabilité est primordial, avec une attention particulière portée aux certifications telles que l'Agriculture Biologique ou les labels environnementaux.
  • L’essor de la transformation : les légumes et fruits transformés (purées, sauces, légumes surgelés) sont en forte croissance pour répondre aux besoins des restaurateurs et des industries agroalimentaires.

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Les enjeux et tendances actuels du secteur

La restauration hors foyer évolue en fonction de plusieurs tendances et réglementations qui influencent la distribution des fruits et légumes :

  • La loi EGALIM impose aux cantines scolaires 50 % de produits durables et de qualité, dont 20 % de bio. Cela pousse les distributeurs à s’adapter et à intégrer davantage de produits locaux et issus de l’agriculture biologique. Par exemple, Norabio propose une gamme 100 % bio pour la restauration collective et commerciale.
  • Les restaurateurs privilégient de plus en plus les producteurs locaux, réduisant ainsi les intermédiaires et favorisant la traçabilité. Ce mouvement répond à une demande croissante des consommateurs pour des aliments frais et durables.
  • Les professionnels de la restauration doivent aujourd’hui assurer une transparence totale sur l’origine des produits. Cette exigence pousse les distributeurs à améliorer leurs systèmes de traçabilité et à proposer des produits avec des labels de qualité.

La vente de fruits et légumes en magasins spécialisés

Les magasins spécialisés dans la vente au détail de fruits et légumes jouent un rôle clé dans le paysage de la distribution alimentaire en France, puisqu’ils génèrent un chiffre d’affaires annuel moyen de 6 milliards d’euros. On est bien loin de E.Leclerc (61 milliards d’euros) et Intermarché (40 milliards d’euros), mais la somme représente un poids assez certains. Surtout qu’ils se différencient des grandes surfaces, en misant plutôt sur une offre premium, avec un large choix de variétés, une mise en avant du terroir et une expérience d’achat immersive.

On distingue plusieurs types de magasins spécialisés dans la vente de fruits et légumes :

  • Les réseaux multifrais, qui représentent 5% du marché total des fruits et légumes, comme Grand Frais, L’Heure du Marché, Provenç’halles, Prim’Fruits, Cœur de Frais…
  • Les enseignes spécialisées bio : avec la montée en puissance du bio et des labels environnementaux, certaines enseignes ont fait le choix de proposer une offre 100 % bio, séduisant les consommateurs soucieux de leur santé et de l’impact écologique de leur alimentation, comme La Vie Claire ou Les Comptoirs de la BIO.
  • Les primeurs indépendants et marchés locaux qui, face à la grande distribution, misent sur la différenciation avec des produits de meilleure qualité et des conseils experts.

La vente de fruits et de légumes en grande distribution

Si l’on devait résumé la vente de fruits et de légumes en GMS en une phrase, ce serait celle-ci : sans rayon fruit et légume (FLEG pour les intimes), il n’y aurait pas de supermarché. Et pour cause : il est la vitrine du magasin. « Clairement, c’est l’image fraîcheur d’un point de vente » confie Stéphane Paul, formateur professionnel spécialisé sur les métiers des fruits et légumes, à Je bosse en grande distribution. Il est ce qui pousse le consommateur a passer le pas de la porte. Selon OpinionWay, 87% des Français déclarent que la qualité et la fraîcheur de l’assortiment de fruits et légumes influence leur choix d’enseigne.

Le poids des enseignes

Carrefour, Leclerc, Intermarché ou encore Super U captent environ 70 % des ventes du secteur, car elles se positionnent sur une gamme étendue de fruits et légumes à des prix compétitifs, généralement soutenus par des marques de distributeurs (MDD). Leur implantation sur l’ensemble du territoire facilite l’approvisionnement et donc la quantité de fruits et légumes proposés, parfois au détriment de la qualité. La standardisation des produits peut freiner une partie des consommateurs. C’est pourquoi, depuis peu, les enseignes de grande distribution mettent les bouchées doubles pour revaloriser leur produit :

  • Rénovation des rayons frais et de bouche ;
  • Développement de gammes et labels spécifiques, comme “Act for Food” chez Carrefour ;
  • Des initiatives marketing pour revaloriser les produits, comme la campagne des fruits et légumes moches d’Intermarché ;

Campagne d'Intermarché pour les fruits et légumes moches
  • La mise en avant des producteurs locaux à travers des partenariats directs, encore une fois avec Intermarché et sa démarche “producteurs d’ICI”.

Le poids du rayon

La rentabilité du rayon fruits et légumes n’est plus à démontrer.

En 2023, les ménages français ont dépensé environ 21 milliards d'euros en fruits et légumes frais. En 2022, les FLEG (fruits et légumes) ont pesé 36,7% dans le chiffre d’affaires des produits frais.

Selon Je bosse en grande distribution, “en format hypermarché, le chiffre d’affaires du rayon fruits et légumes […] peut représenter 6% du CA total du magasin, voire même jusqu’à 8,5% au printemps”.  Il est intéressant de comprendre qu’en grande distribution, 20 produits font 80% du CA du rayon. La loi de Pareto est donc partout. Selon Kantar, les fruits les plus consommés par les français sont la banane et la pomme.

La mise en avant et la théâtralisation des fruits et légumes en grande distribution

Le rayon fruits et légumes est l’un des plus importants en grande distribution. Il compte en moyenne 350 références et constitue un véritable levier de différenciation pour une enseigne. Sa réussite repose principalement sur la fraîcheur des produits, la mise en avant attractive et l’information claire pour le consommateur.

Pour garantir la fraicheur, il est essentiel d’assurer des livraison fréquentes, idéalement quotidiennes pour limiter les stocks et éviter la casse. Conseillez également au chef de rayon d’éviter les monticules de fruits. Cette présentation fragilise les produits et accélèrent leur détérioration. Il est préférable d’opter pour un rayon bien proportionné et bien organisé, avec des réapprovisionnements fréquents.

L’aménagement du rayon est d’ailleurs très important pour mieux vendre. Il facilite la lisibilité de l’offre pour le client final, notamment grâce à :

  • Une séparation claire des fruits et légumes.
  • Une structure en sous-familles : légumes de base ensemble (pommes de terre, carottes, oignons), salades et crudités à part, et possibilité de créer des mises en avant de produits complémentaires (ex. légumes pour ratatouille : tomates, aubergines, poivrons, courgettes).
  • Un jeux de couleurs pour dynamiser le rayon et rassurer sur la fraîcheur (un vert intense inspire confiance).

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  • Une mise en scène soignée : certaines marques reproduisent des étales de marchés traditionnels quand d’autres utilisent la provenance de leur produit pour les mettre en avant. Il est aussi important de faire des scénographies thématiques selon les périodes de l’année («Fête des Agrumes», «Semaine des Produits Locaux», «Le Mois du Bio»).

Exemple de théâtralisation sur le thème d'Halloween

La théâtralisation des fruits et légumes doit rester efficace tout au long de la journée. Un client qui fait ses courses à 10h, 15h ou 18h doit retrouver un rayon aussi attractif et engageant, sans donner l’impression de rupture ou de désorganisation.

Le chef de secteur joue un rôle clé dans cet équilibre. Son accompagnement des responsables de rayon permet de garantir une présentation homogène et impactante. Il veille à :

  • Former les équipes aux bonnes pratiques de mise en rayon et de gestion des stocks.
  • Assurer le respect des principes de merchandising : lisibilité, accessibilité et rotation des produits.
  • Contrôler l’application des stratégies de théâtralisation et ajuster si nécessaire pour optimiser les ventes.

Un rayon bien géré repose sur un suivi rigoureux et une organisation efficace. Le chef de secteur apporte cette expertise et accompagne les responsables de rayon dans cette démarche.

Pour approfondir le sujet, je vous invite à découvrir 7 techniques de théâtralisation en GMS pour vendre plus.

La démarque et la casse

Le rayon fruits et légumes est l’un des plus sensibles en grande distribution. Avec des produits frais et périssables, il affiche un taux de casse alimentaire particulièrement élevé, atteignant 6 %, contre une moyenne d’environ 1,5 % dans les autres rayons, selon Smartway. La casse et la démarque inconnue figurent parmi les principaux freins à la rentabilité de ce rayon.

Et le gaspillage est devenu un critère d’achat majeur pour les Français, notamment pour les fruits et légumes vendus en vrac. Selon Opinion Way, la réduction du gaspillage est tout aussi importante que le prix dans les décisions d’achat des consommateurs.

Comprendre la casse et la démarque inconnue

La casse correspond aux produits abîmés ou périmés, qui ne peuvent plus être vendus. Elle peut être causée par la manipulation des clients, du personnel ou simplement par la détérioration naturelle des fruits et légumes. Le manager de rayon doit la chiffrer, l’anticiper et l’intégrer dans sa gestion des stocks.

La démarque inconnue, plus difficile à identifier, englobe les pertes liées aux erreurs de stock, aux vols ou aux écarts entre les réceptions et les ventes. En grande distribution alimentaire, son taux moyen est d’environ 1 %.

La casse, ou démarque connue, peut être limitée grâce à une bonne gestion des commandes et des stocks.

Les paniers anti-gaspillage : la réponse à tout les problèmes ?

Face aux pertes inévitables, les paniers anti-gaspillage sont une alternative de plus en plus utilisée par les enseignes de grande distribution. Cependant, leur mise en place reste inégale et peu suivie en magasin, notamment car c’est une contrainte pour les équipes et leur demande du temps qu’ils n’ont pas forcément. A cela s’ajoute une mauvaise perception des clients. Un panier mal composé, avec des produits peu attractifs, ne trouvera pas preneur. Il est donc important de le valoriser via une PLV efficace et des prix attractifs. Il faut être clair sur ce qu’il y a dedans pour éviter tout effet déceptif.

Les animations

Les animations commerciales sont un levier puissant pour dynamiser les ventes et améliorer l’expérience client. Elles peuvent prendre plusieurs formes : ventes sur le parking, mises en avant en rayon, dégustations... L’objectif est de créer une interaction avec les consommateurs, de valoriser les produits et de les inciter à l’achat.

Une mise en avant efficace repose sur plusieurs éléments :

  • Une présentation attractive avec une PLV qui attire l’œil.
  • Des fiches recettes associées pour inspirer les clients et leur donner des idées.
  • Une dégustation pour permettre aux consommateurs de découvrir le goût du produit, un élément clé pour les convaincre.

Exemple d'animation au rayon fruits et légumes

🤔 Vendre des fruits ou des légumes oubliés

La problématique des assortiments produits

Le rayon fruits et légumes se distingue par une gestion des assortiments en flux tendu, liée aux variations de l’offre et de la demande. Contrairement aux autres catégories de produits, où les négociations commerciales ont lieu une à deux fois par an, celles des fruits et légumes se font à chaque ouverture de référence.

Une négociation quotidienne et locale

Les prix des fruits et légumes évoluent au jour le jour. C’est pourquoi les négociations ne sont pas réalisées directement en magasin par les chefs de secteur, mais par des commerciaux sédentaires. Ces derniers traitent quotidiennement avec les coopératives et producteurs au sein des centrales régionales et commerciales.

Les références peuvent être ouvertes ou fermées chaque semaine, selon la disponibilité des produits. Lorsqu’un accord est établi sur une ligne de produits, il est révisé chaque semaine, comme pour les autres produits frais (viande, poisson, etc.).

Un assortiment qui suit les saisons

L’offre en magasin doit s’adapter en permanence aux saisons et aux cycles de production. Certains produits doivent être activés ou désactivés selon leur période de commercialisation afin de garantir une sélection pertinente et de maximiser les ventes.

Chaque enseigne définit ses propres cycles de mise en avant, en fonction des attentes des consommateurs et des spécificités du secteur. Cela permet d’optimiser la présentation des produits et de garantir une offre toujours en phase avec la saisonnalité.

Structure des assortiment de fruits et légumes en GMS

Construire un assortiment efficace repose sur une bonne connaissance de sa clientèle. Comprendre ses attentes, ses habitudes de consommation et son pouvoir d’achat est essentiel pour proposer une offre adaptée en termes de choix, prix et qualité.

L’étude de la zone de chalandise et des concurrents permet également de définir un potentiel de vente, qui se traduira par un assortiment optimisé et un matériel adapté.

Les bases d’un assortiment fruits et légumes

Un rayon fruits et légumes doit respecter certaines règles fondamentales. Parmi elles, la présence d’un minimum de 40 références, garantissant une offre suffisamment large pour répondre aux attentes des clients.

L’assortiment repose sur deux types de produits :

  • Les incontournables : environ 60 espèces présentes toute l’année (20 fruits et 40 légumes), considérées comme des références permanentes. Elles constituent la base du rayon et reflètent le savoir-faire du magasin.
  • Les produits saisonniers : à intégrer en fonction des périodes pour compléter l’offre et dynamiser les ventes.

Dans l’esprit du consommateur, certains fruits et légumes sont perçus comme disponibles toute l’année (salades, oignons), tandis que d’autres sont clairement identifiés comme saisonniers. Cette perception doit être prise en compte lors de la construction de l’assortiment.

Adapter les formats de vente

Le conditionnement joue un rôle clé dans l’expérience d’achat. Certains produits sont vendus exclusivement en vrac, d’autres en lots, et certains nécessitent des conditionnements spécifiques en fonction de leur nature et de leur usage.

  • Pomme, oignon, échalote, ail : disponibles en vrac et en lot.
  • Salade : vendue à la pièce.
  • Champignons : proposés en petites quantités (200 à 400 g).
  • Herbes aromatiques : conditionnées en très petite quantité (20 à 40 g).
  • Endive, tomate, carotte : disponibles en vrac et en sachet.

En ajustant l’offre à la demande et en respectant ces formats de vente, un grossiste peut mieux structurer son assortiment et répondre efficacement aux attentes de ses clients.

Suivre ses assortiments produits en tant que grossiste

Une fois vos assortiments créés et négociés, encore faut-il bien les suivre. C'est là qu'intervient Sidely, qui accompagne les coopératives et les grossistes dans la gestion de leurs produits à travers un CRM commercial adapté.

Vos fruits et légumes doivent être référencés dans votre CRM et accessibles à vos chefs de secteur. Le CRM devient ainsi le socle de votre donnée commerciale, garantissant une information centralisée, fiable et toujours à jour. C’est d’autant plus essentiel si vous êtes une coopérative ou un grossiste travaillant avec plusieurs sociétés partenaires, qui peuvent négocier les prix pour vous.

Dans ce secteur, les assortiments et les prix varient chaque semaine en fonction de l’offre et de la demande. La saisonnalité impacte également votre catalogue, ce qui demande un suivi constant. Sidely permet d’automatiser et d’optimiser cette gestion pour vous faire gagner du temps.

Si vos prestataires externes doivent consulter ou modifier leurs assortiments, un système de droits et de rôles leur permet d’accéder uniquement aux informations qui les concernent. Ainsi, chaque marque ou client voit uniquement ses propres assortiments et documents, sans interférer avec ceux des autres.

L’objectif est d’impliquer vos prestataires dans la gestion de leurs assortiments en leur permettant de modifier leurs propres données, sans que vous ayez à tout administrer manuellement. Vous gardez ainsi une visibilité globale et un contrôle total sur l’ensemble des informations.

Créer et gérer ses assortiments efficacement

Avec Sidely, la gestion des assortiments est simple et flexible :

  1. Importer vos produits avec des critères clairs : marque, catégorie, format, poids...
  2. Créer des assortiments à partir de votre catalogue produit. Nous recommandons de les organiser par catégorie de produits (ex. pommes, tomates, salades) plutôt que par enseigne. Cela facilite le suivi et l’analyse dans les relevés et rapports.
  3. Modifier vos assortiments à tout moment, possible en masse.

Prenons un exemple : si vous vendez des pommes, vous créez un assortiment «Pommes», dans lequel vous regroupez toutes vos variétés et formats de vente. Cette approche garantit une meilleure organisation et facilite le suivi terrain.

Suivre la présence et présentation de ses produits

Visiter les bons points de vente

Accompagner vos commerciaux passe avant tout par une bonne planification des tournées commerciales. Cela implique de leur fixer des objectifs clairs de visites et de prospection.

Par exemple, un magasin phare doit être visité environ toutes les quatre semaines, tandis que la prospection, selon les enseignes, se fait une fois tous les deux ou trois mois. Pour structurer ces visites, vous pouvez mettre en place des fréquences de visite directement dans votre CRM.

Les opérations commerciales (OP) doivent également être prises en compte. Il est essentiel d’anticiper quelles opérations ont lieu, sur quelles enseignes et à quel moment, afin de planifier efficacement le temps de revente et les visites nécessaires.

L’analyse des relevés permet d’optimiser les tournées en identifiant les magasins nécessitant une attention particulière. Par exemple, si votre relevé indique l’absence d’un produit clé comme la Pink Lady, un best-seller de votre gamme, il devient prioritaire d’y retourner pour s’assurer que la situation est rétablie.

Simplifier l’organisation avec des vues dynamiques

Pour gagner du temps, il est recommandé de structurer le CRM en créant des vues dynamiques qui s’adaptent en fonction des critères et des dernières actions des commerciaux. Prenons un exemple simplifié avec un fonctionnement cyclique, organisé autour de quatre vues principales :

  • Vos magasins prioritaires
  • Vos opérations en cours
  • Vos magasins en danger
  • Vos prospects et magasins en retard

Chaque chef de secteur n’a plus qu’à cliquer sur la vue correspondante à ses objectifs pour afficher les magasins concernés.

exemple de tournee commerciale avec Sidely

Les vues sont dynamiques, c’est-à-dire qu’elles évoluent dans le temps. Prenons l’exemple de la dernière vue : «Vos prospects et magasins en retard». Si un magasin non prioritaire n’a pas été visité depuis trois mois, alors qu’il devrait être vu tous les deux mois, il sera automatiquement ajouté à la liste des visites à rattraper. Une fois la visite effectuée, il disparaît de la liste le mois suivant. Une fois les magasins ciblés, place aux relevés terrain. Grâce à une tournée optimisée, vos chefs de secteur pourront collecter des données essentielles pour améliorer la visibilité et la performance de vos produits en point de vente. C’est justement ce que nous allons voir dans la prochaine section.

Relevez les bonnes informations

Un relevé efficace doit offrir une vision claire de l’assortiment en magasin, en tenant compte de plusieurs éléments clés :

  • La répartition des formats : part du vrac, des barquettes et des sacs dans le rayon.
  • La segmentation du rayon : nombre de références par catégorie et leur répartition entre votre marque et celles de la concurrence.
  • Le référencement des produits : les produits référencés sont identifiés et suivis pour mesurer leur présence et leur évolution.

Chaque chef de secteur doit ainsi renseigner précisément le nombre de références présentes en rayon pour chaque catégorie de produits. L’objectif est d’obtenir une vision globale et détaillée du rayon, incluant la part de votre marque sur chaque segment. Ces données permettent ensuite d’affiner l’analyse avec un relevé de prix spécifique.

Structurer les relevés pour plus d’efficacité

Nous recommandons de structurer les assortiments par produit pour faciliter la saisie des informations et le suivi des évolutions.

Lorsqu’un relevé est créé, le point de vente doit être qualifié lors de la première visite :

  • Sélection des produits présents.
  • Quantité par format.
  • Segmentation du rayon.

Cette qualification initiale est historisée, ce qui signifie que lors des visites suivantes, si aucun changement n’a eu lieu, le commercial peut passer directement au relevé sans avoir à tout renseigner à nouveau.

Un relevé adapté à l’organisation du rayon

Le relevé peut être effectué par produit, en suivant l’ordre du rayon en magasin. Un chef de secteur peut ainsi suivre le merchandising en toute logique : commencer par les pommes, puis passer aux poires, et ainsi de suite.

Pour faciliter la collecte d’information, vos chefs de secteur peuvent trier les produits qu’ils souhaitent relever. Si votre chef de secteur ne relève que les produits en promotion, il peut sélectionner uniquement “produit en promotion” et ces derniers apparaitront. Gain de temps.

Flexibilité et mise à jour en temps réel

Si l’organisation du rayon évolue – ce qui est fréquent –, le chef de secteur peut ajuster l’assortiment directement lors de son relevé, assurant une mise à jour en temps réel des informations.

Si vous préférez garder un contrôle total sur ces modifications, la gestion peut être centralisée par le manager ou le responsable CRM. Les ajustements effectués sont immédiatement intégrés et impactent les indicateurs clés (comme la DN), garantissant une vision précise et actualisée des performances en point de vente.

Exemple d'assortiment produit

Le marché des fruits et légumes en France est à la croisée des chemins. Entre les évolutions des comportements de consommation, la montée en puissance du local et du végétal, et les contraintes économiques et environnementales, les acteurs du secteur doivent s’adapter en permanence.

L’enjeu est de trouver un équilibre entre rentabilité, accessibilité des produits et transparence. Les producteurs, grossistes, distributeurs et chefs de secteur ont un rôle clé à jouer pour répondre aux attentes des consommateurs tout en optimisant leur gestion. L’adoption de bonnes pratiques en matière de suivi des assortiments, de planification des tournées et d’analyse des relevés terrain est essentielle pour maximiser la performance commerciale.

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