Omnicanal : stratégies et innovations marketing et retail

Omnicanal : stratégies marketing et retail à l’heure du digital

Alexis Lecomte
11 mars 2025 - 6 min de lecture

Cette dernière décennie a été le théâtre de nombreuses évolutions pour le commerce de détail. L’une des plus marquantes est sans aucun doute l‘émergence de la stratégie omnicanale, visant à harmoniser l’expérience client sur tous les points de contacts physiques et numériques avec la marque.

Sidely plonge aujourd’hui dans cet univers fascinant qui bouleverse l’expérience d’achat et oblige les entreprises du retail à se réinventer en permanence.

Au programme : définitions utiles, avantages, rôle de la data, défis et opportunités, et enfin… avenir de l’omnicanalité.

Mais commençons par le commencement…

Définition et contexte général

Le terme omnicanal désigne une stratégie qui vise à offrir une expérience fluide et intégrée sur l’ensemble des canaux de vente et de communication d’une entreprise. Par exemple, ajouter un article dans panier e-commerce, et pouvoir afficher les points de ventes physiques qui l’ont en stock.

Cela implique une connexion entre les différents points de contact (magasins physiques, site web, application mobile, réseaux sociaux, service client, etc.) afin que le client puisse naviguer d’un canal à l’autre sans rupture.

Le maître-mot est donc l’expérience client : l’omnicanalité doit maximiser les ventes en minimisant les points de frictions liés aux changement de plateformes qui surviennent durant le parcours d’achat.

À mi-chemin entre le marketing et la distribution, l’omnicanal a vocation à évoluer en permanence pour s’adapter aux nouveaux comportements des consommateurs cibles. On parle d’ailleurs de shopping omnicanal, ou d’omni-consommateur !

La mise en place du marketing omnicanal nécessite une connaissance très fine des différentes audiences ciblées par la marque (les fameux buyer personas), et une excellente analyse de leurs parcours d’achat. Son impact sur tous les paramètres du marketing mix en fait une composante essentielle de la stratégie de distribution.

L’approche omnicanale est déjà largement adoptée par les marques et les enseignes : la popularité du web-to-store ou du retrait en magasin en sont des preuves incontestables. Et si vous n’avez jamais entendu l’expression brick and mortar (brique et mortier, c’est-à-dire commerce physique), c’est parce que la distribution reposant exclusivement sur des magasins traditionnels est devenu l’exception qui confirme la règle !

Petite histoire de l’omnicanalité

L’omnicanal est l’étape la plus récente d’une évolution progressive des stratégies commerciales en réponse aux nouvelles attentes des consommateurs. On peut la représenter sous la forme d’une chronologie qui montre comment les entreprises sont passées d’une approche cloisonnée à une expérience client fluide et intégrée :

  1. Monocanal (avant Internet) : un seul point de contact pour le client (magasin, téléphone ou catalogue), limitant les interactions et les possibilités d’achat ;
  2. Multicanal (années 1990-2000) : multiplication des canaux de vente (boutiques, sites e-commerce, centres d’appels), mais sans véritable coordination entre eux ;
  3. Cross-canal (années 2000-2010) : apparition d’interconnexions entre les canaux, permettant des parcours clients plus fluides (click-and-collect, showrooming) ;
  4. Omnicanal (années 2010 et +) : intégration totale des points de contact pour une expérience client unifiée et personnalisée, indépendamment du canal utilisé (magasin, web, mobile, réseaux sociaux, commerce conversationnel).

Ressource liée : Multicanal et grande distribution

Et bien-sûr, l’omnicanalité ne marque pas la fin de l'Histoire ! Nous aborderons en fin d’article les nouvelles tendances qui bouleversent le retail.

Avantages et bénéfices pour les entreprises

L’omnicanal offre de nombreux avantages aux organisations qui l’implémentent efficacement :

  • Image de marque : cohérence entre les canaux : web, magasins, mobile etc. ;
  • Accessibilité accrue : élimination des “barrières d’usage” ;
  • Augmentation des ventes : maximisation des opportunités de vente et du panier moyen ;
  • Fidélisation : expérience personnalisée et facilitante qui favorise l’habitude et l’attachement ;
  • Exploitation des données : personnalisation des offres grâce à la collecte multicanale ;
  • Optimisation des coûts : gestion des stocks et des ressources optimisées ;
  • Flexibilité offline-online : le client finalise ses achats comme il l’entend ;
  • Gestion simplifiée des retours : flexibilité des processus de retour produits ;
  • Visibilité et notoriété : extension de la relation entre la marque et le client ;
  • Compétitivité : différenciation face aux concurrents ;
  • Adaptation et résilience : réactivité face aux mutations technologiques.

🏆 La grande force de l’omnicanal, c’est de proposer des solutions à toutes les problématiques du marketing : engagement, rétention, fidélisation, branding, notoriété (awareness, disent les anglo-saxons).Ajoutons que cette modernité des parcours clients consolide la perception “tech” que les clients se font d’une marque, renforçant le storytelling de l’entreprise !

Distribution omnicanale

🛒 Distribution omnicanale



La stratégie omnicanale ne se contente pas d’unifier commerce physique et numérique. Pour une marque qui a opté pour une stratégie de distribution intensive, l’expérience doit également être la même sur tous les canaux d’un même circuit de distribution.

Exemple typique : les programmes fidélité en grande distribution fonctionnent dans les différentes strates de magasin (hyper, super, proxi) ainsi que sur les sites e-commerce.

Pour les enseignes GMS, l’omnicanal accroît l’importance du category management, qui doit veiller à l’harmonisation de la disponibilité, des prix ou des promotions sur l’intégralité du circuit.

Data driven marketing : la disruption du commerce de détail

Avec l’essor de l’omnicanal, la vente s’appuie désormais sur la collecte et l’analyse de données pour personnaliser l’expérience client

L’hyper croissance du web a donné naissance à d’innombrables façons de se renseigner et d’acheter. Et cet océan de nouvelles possibilités a à son tour donné lieu à l’émergence de plateformes marketing globales, des outils de tracking capables de mémoriser le comportement d’achat et d’adapter les campagnes marketing en temps réel. L’IA permet alors de formuler des prédictions d’achats et d’automatiser les actions qui convertissent, maximisant l’impact des promotions et offres commerciales.

Au final, plus les entreprises centralisent et exploitent de données, et plus elles optimisent leurs ventes. Par exemple, l’analyse du parcours en ligne – navigation, ajouts au panier – peut guider l’organisation du merchandising en magasin. Ainsi, loin d’être un simple gadget technologique, l’omnicanal redéfinit la création de valeur en synchronisant tous les points de contact.

Cependant, si l’omnicanal constitue une vraie opportunité pour les entreprises qui osent investir dans la technologie, la transformation qu’il suppose implique son lot de défis. Par exemple, la gestion de multiples canaux exige une coordination rigoureuse, notamment en matière de logistique et de stocks. Pour réussir leur transition omnicanale, de nombreuses entreprises abandonnent leur organisation en silos au profit d’une vision à 360° qui privilégie l’intégration et la fluidité.

Distribution omnicanale
💡L’exception qui confirme la règle

Certaines marques de niche ou de luxe, comme Hermès, Chanel ou Louis Vuitton, choisissent de limiter leur présence en ligne pour préserver leur exclusivité et maîtriser leur image. Plutôt que de s’adapter aux nouveaux comportements d’achat des consommateurs, elles imposent leurs propres codes, renforçant ainsi la désirabilité de leurs produits.

Cette approche montre que l’omnicanalité n’est pas une nécessité absolue : une marque peut privilégier un modèle plus sélectif tout en garantissant une expérience client cohérente et maîtrisée sur les canaux qu’elle choisit d’activer.

Exemples de transformations omnichannelles

Besoin d’inspiration ou de cas pratiques pour vous imprégner de toutes ces notions ?

Commençons avec 3 marques régulièrement citées pour la réussite de leurs stratégies omnicanales.

👟Nike

L’approche omnicanale de Nike repose notamment sur le lancement d'une application qui permet aux clients de réserver des articles en ligne et de les retirer en magasin. L'application offre également des réductions exclusives via le programme de fidélité Nike Members Rewards et fournit des informations détaillées en scannant les produits en magasin.

💄Sephora

Sephora mise sur l’omnicanalité en intégrant son programme de fidélité et ses services en ligne et en magasin. Les clients peuvent réserver des produits en ligne, profiter de consultations beauté virtuelles et utiliser des écrans interactifs en boutique pour obtenir des recommandations personnalisées, améliorant ainsi leur expérience d’achat.

🎾Decathlon

Decathlon a intégré ses canaux de vente en ligne et physiques pour fluidifier l’expérience achat. Son application et son site web permettent de vérifier la disponibilité des produits, commander en ligne et choisir entre livraison et retrait en magasin. L’enseigne utilise aussi des publicités locales sur les stocks pour informer les clients en temps réel, optimisant ainsi l’expérience d’achat et les ventes.

Le site e-commerce de Décathlon permet aussi de visualiser les stocks en magasins physiques

Voyons maintenant comment l’omnicanal peut s’activer de façon sporadique pour améliorer les performances d’un événement ponctuel. 

Nous allons pour cela prendre l’exemple d’une enseigne qui voudrait lancer une opération dans le cadre du Black Friday, et nous demander quelles sont les bonnes et mauvaises pratiques dans ce contexte.

 

Exemple du black Friday

Bonnes et mauvaises pratiques omnicanales
Catégorie Best practices Mauvaises pratiques
Intégration des canaux Proposer le Click & Collect avec des stocks synchronisés entre site et magasins.
→ Convergence.
Avoir des promotions différentes entre commerce en ligne et en magasin.
→ Confusion.
Inventory management Afficher la disponibilité des produits en temps réel sur tous les canaux.
→ Praticité.
Ne pas mettre à jour les stocks en ligne ou en magasin, créant des ruptures de stock imprévues.
→ Mauvaise expérience.
Communication cohérente Envoyer des messages uniformes sur tous les canaux (email, réseaux sociaux, site).
→ Image de marque.
Négliger la formation du personnel en magasin sur les offres en ligne, générant des incohérences dans les informations.
→ Incohérence.

Les grands ratés de l’omnicanal

Eh oui ! Il n’y a pas que des réussites dans ce registre. Et si les échecs des entreprises françaises font rarement grand bruit, le marché américain est beaucoup plus transparent en la matière.

La grande distribution offre notamment deux cas d’école en matière de stratégie omnicanale problématique

  • Target : l'application Cartwheel de Target visait à intégrer les coupons et promotions entre les achats en ligne et en magasin. Cependant, l'intégration entre l'app, le site et les systèmes en magasin était incohérente, empêchant les clients d'utiliser correctement leurs réductions et points de fidélité. Ce manquement a donné lieu à un important phénomène de frustration.

  • Walmart : le géant américain avait lancé une application mobile pour soutenir sa stratégie omnicanale, mais celle-ci comportait des bugs et proposait une mauvaise expérience utilisateur, ainsi que des problèmes de synchronisation entre les commandes en ligne et l'inventaire en magasin. Résultat : de nombreux clients ont perdu confiance et se sont détournés du dispositif proposé par le numéro 1 mondial de la grande distribution.

Les défis à relever pour réussir sa transition omnicanale

Avec l’essor du digital et du cross canal, de nouvelles contraintes se sont posées.

La plus récurrente est l’attribution marketing, qui consiste à savoir quel canal est à l’origine de la vente. La multiplicité des points de contact peut complexifier l’interprétation de la psychologie d’achat. Et en entreprise, les débats font rage entre directeurs de services, chacun estimant que ses canaux sont ceux qui contribuent le plus activement au chiffre d’affaires ! 

Par ailleurs, l’omnicanalité a favorisé l’émergence de nouveaux défis technologiques, et les entreprises doivent moderniser leur approche fonctionnelle en permanence pour profiter des synergies attendues.

Synthèse des cas les plus typiques :

Problématiques et Solutions Omnicanales
Problématiques Solutions
Attribution des ventes et suivi du parcours client : parcours client fragmenté → difficulté à identifier quel canal a (le plus) influencé l'achat. Mettre en place un modèle d’attribution multi-touch et utiliser des outils de tracking omnicanal.
Unification et fiabilité des données : disparité des sources (CRM, ERP, e-commerce, magasins), risque d’incohérences. Centraliser les données dans un CDP (Customer Data Platform) ou un CRM omnicanal et utiliser des outils d’ETL pour harmoniser les flux.
Définition et suivi des KPIs pertinents : besoin d’indicateurs adaptés à chaque canal tout en conservant une vision globale. Définir des KPIs transversaux (ex. taux de réachat cross-canal, Customer Lifetime Value) et utiliser des tableaux de bord dynamiques.
Temps réel et réactivité : délais dans la collecte et l’analyse des données, limitant la prise de décision rapide. Utiliser des outils de BI en temps réel et des solutions d’IA prédictive pour anticiper les tendances.
Respect de la réglementation et protection des données : contraintes du RGPD et gestion des consentements clients. Mettre en place des outils de gestion des consentements et adopter une approche privacy by design pour sécuriser les données.

Nouvelles tendances : l’omnicanal bientôt dépassé ?

Si aucun nouveau terme ne s’est encore imposé pour décrire l’évolution du commerce, on voit émerger de nombreuses pratiques qui impactent le retail : 

  • Phygital et expériences immersives : bornes connectées, réalité augmentée, essayages virtuels contribuent à faire des points de vente des lieux expérientiels, renforçant l’engagement client ;
  • Hyperpersonnalisation : l’association des données clients à l’intelligence artificielle permet aux marques d’offrir des recommandations ultra-ciblées et d’anticiper les besoins des consommateurs ;
  • Commerce prédictif et automatisé : les achats deviennent autonomes grâce aux objets connectés et aux assistants vocaux (réapprovisionnement automatique, abonnements dynamiques basés sur la consommation réelle) ;
  • Web3 et commerce décentralisé : avec la blockchain, les marques explorent de nouveaux modèles de fidélisation (NFT, programmes de récompenses tokenisés) ;
  • Commerce en temps réel & instantanéité : le live shopping, les messageries instantanées et le commerce conversationnel via IA permettent une interaction instantanée avec les marques, accélérant la prise de décision et l’achat.

Ces évolutions renforcent la logique d’omnicanalité augmentée, où l’expérience client devient ultra-connectée, fluide et prédictive, s’adaptant aux habitudes de consommation en temps réel.

Si certaines expériences tournent au vinaigre, comme les NFTs Odissey lancés par Starbucks pour renforcer son programme de fidélisation, d’autres tendances prennent de l’ampleur, comme les magasins sans caisse.

Les NFTs Starbucks : un projet abandonné au bout de deux ans

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